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Ben Thouard. Rencontre avec le photographe qui nomme chaque vague qu’il capture.

Ben Thouard, pour celui qui ne le connaitrait pas encore, est un photographe qui capture les vagues en mouvement pour nous offrir des images fantastiques. Ses images nous interpellent par leur force.

Il nomme chaque vague qu’il photographie, de sorte que ses clichés racontent toujours une histoire. Sa manière de capter les éléments et la nature dans son état le plus sauvage m’a toujours transportée. Je suis ravie et fière de partager avec vous son interview. Il nous raconte son travail et plus largement son cheminement de vie. Inspirant !

Rencontre avec Ben Thouard, photographe de vagues vierges.

Perfection

Sunset Runner

Surf and The City / Bonjour Ben, tu vis à Tahiti depuis 8 ans, n’est-ce pas ? Comment es-tu arrivé ici  ? Quel est ton parcours ?

Ben Thouard / Oui, je vis à Tahiti depuis 9 ans maintenant. J’ai commencé par faire une école de photo à Paris. Mais très vite, j ai ressenti le besoin de m’évader. Je faisais déjà quelques images de windsurf.

J’ai donc quitté mon école de photo en milieu de cursus et me suis acheté un billet d’avion pour Maui  – Hawaii. C’est la que tout a commencé ! J’avais tout juste 19 ans !
Je passais 2 saisons de 2 à 3 mois  par an à Hawaii, le reste du temps je partais en trip avec les riders.
En gros, je voyageais 10 mois sur 12. Je suis venu à Teahupoo il y a 10 ans pour un trip et en suis tombé amoureux. Un an plus tard, j’ai décidé de revenir m’y installer et c’est devenu mon chez moi.

Into the wild

SATC / C’est le surf qui t’a amené à la photo ou la photo qui t’a amené au surf?
BT / Je dirais que le Surf m’a amené à la photo, mais ce sont deux passions très fortes pour moi.
J’ai commencé à surfer quand j’avais 8 ans, dans le sud est de la France (oui oui il y a des vagues même dans le Sud Est ;-)). J’ai toujours été passionné par les vagues et la mer.
Plus tard, à l’adolescence j’ai trouvé un vieil appareil appartenant à  mon père à la maison, j’ai acheté quelques films et j’ai commencé à shooter mes amis en Surf. C’est comme ça que j’ai allié mes deux passions. Etant du Sud Est, c’était plus facile de faire des images de Windsurf, car les conditions sont plus fréquentes, je le pratiquais aussi. J’ai donc commencé par faire des images de windsurf mais le surf a toujours été ma première passion.

Silver Surfer

SATC / Tu nommes les vagues que tu shoot : dragon, the eye… est-ce ta marque de fabrique ?
BT / Je ne dirai pas que c’est ma marque de fabrique, car je ne suis pas le premier, ni le seul à le faire.
Mais je trouve qu’il y a une telle expression dans les vagues que cela m’inspire des noms.
Certaines photos ont beaucoup de caractère et le nom me vient tout de suite dès le premier coup d’oeil.
C’est aussi en rapport avec les conditions de la session, la lumière ce jour-ci … tout ce qui m’inspire en voyant la photo ou au moment de la prendre. Je trouve que cela apporte un coté plus personnel au travail que je fais.
Il y a un tel engagement pour créer ces images. C’est énormément de temps d’anticipation et de préparation, de temps de shoot, de sélection et de post production pour préparer les images à l’impression. Ces images sont comme mes bébés et leur donner un nom est pour moi un moyen de les faire vivre à travers le temps.

Skull ?

SATC / Sais-tu quel type de vagues tu vas photographier avant d’aller à l’eau ? Comment peut-on anticiper un tel shooting alors que l’océan est si changeant, si imprévisible ? 
BT / Je me prépare toujours à ce que je vais shooter avant d’aller en mer. Il y a eu tellement d’heures à la nage à photographier du surf et des vagues…au début on shoote un peu de tout mais petit à petit, on recherche quelque chose de particulier.
On repère de nouveaux spots, les conditions météo nécessaires, des lumières particulières…tout ça fait que l’on se prépare pour des photos qu’on a imaginées.
C est parfois des mois d’attente pour finalement avoir les conditions désirées et réaliser les images qu’on avait en tête.
J’analyse la météo et en fonction des conditions je choisis le spot où je vais aller shooter. Je choisis toujours d’aller shooter au lever ou au coucher du soleil , car c’est à ce moment la que la lumière est belle et qu’elle joue avec le surface de l’eau pour offrir des jeux de lumière et des reflets intéressants.
La lumière est 90% de la photo pour moi.
La vague vient ensuite.
Il y a aussi ces sessions de shoot improvisées,où on laisse la place à l’imprévu et la surprise.  C’est souvent à ce moment là qu’on fait de bonnes images.
L’Océan est toujours surprenant et changeant, jamais comme on l’avais imaginé où comme la météo l’avait annoncé et c’est ça qui me fait revenir encore et encore….

Dark Side

SATC / Comment travailles-tu sur Instagram? Outil et vitrine incontournable aujourd’hui. Est-ce ton book ? Prépares-tu des photos dédiées aux réseaux sociaux ?
BT / Oui, Instagram est un super outil aujourd’hui pour nous, les photographes.
Ca a été très compliqué de faire respecter notre travail et son utilisation, pendant des années (et ça l’est surement encore).
Instagram est une vitrine fabuleuse qui me permet de partager avec mes followers mes nouvelles images, observer l’impact qu’elles engendrent et promouvoir mon travail et mon site web sur lequel je vends mes prints.
Je n’ai pas vraiment de photos dédiées aux réseaux sociaux mais je choisis quoi publier et ce que je veux montrer. En effet, je publie très peu de photos de surf bien que j’en shoote énormément.
On va dire que mon travail de photographe de surf est réservé aux marques, aux magazines, et aux sites web.
Et je choisis de communiquer beaucoup plus avec mes photos de vagues sur IG et FB.
Sans doute parce que c est plus unique mais aussi car je veux mettre en avant ce coté de mon travail pour me différencier des autres et pour mettre en avant ces images que je propose en tirages.

Holding the line

SATC / Quel est le moment le plus marquant pour toi lors d’un shooting ? Ta plus belle photo ?
BT / Il y a eu plusieurs moments marquants suite à tous mes trips où lors de journée de surf incroyables à Teahupoo mais pour moi le plus mémorable ne correspond pas forcément à la vague la plus grosse ou à l’action la plus incroyable, mais plutôt à un moment, au chemin pour y arriver …
Par exemple, un des moments le plus marquants pour moi a été lors d’une session de shoot dans les tuamotu avec mon ami Manu Bouvet.
On avait pour projet d’aller explorer certains atolls dans les tuamotu pour y trouver de nouvelles vagues.
On a embarqué sur un voiler pendant 2 semaines pour explorer. J’avais emmené mon parapente à moteur avec moi, toutes les conditions étaient réunies pour faire des images aériennes. J’ai trouvé un petit banc de sable pour décoller et j’ai pu réaliser des images incroyables dans ce petit coin de paradis perdu au milieu de l’océan Pacifique
C’est souvent tout ce qu’il y a autour de la photo qui crée ce souvenir marquant.
SATC / Quel athlète t’a le plus impressionné ? Pourquoi ?
BT/ Sans doute Michel Bourez, le surfer Tahitien. Il est 6ème mondial cette année.
C’est un bon copain, on shoote tout le temps ensemble. Mais c’est surtout un surfer exceptionnel avec un engagement énorme. Un surfer très puissant capable de surfer des vagues uniques.
Michel Bourez

Spartan

SATC/ Tu es avec les athlètes à l’eau, toi aussi, tu dois être en bonne condition physique (apnée, nage…) : quel sport pratiques-tu ?
BT/ Oui bien sur c’est essentiel ! II faut être en bonne condition physique pour shooter des heures à la nage. L’engagement n’est pas aussi important qu’en surf mais quand les vagues sont grosses, il faut être bien préparé. Ca nécessite de l’expérience et une bonne condition physique.
Je shoote pratiquement tous les jours dans l’eau. Entre les photos de surf et mes photos de vagues, je passe un bon nombre d’heures a la nage chaque semaines. J’ai beaucoup surfé, un peu moins aujourd’hui car c’ est difficile de trouver le temps, mais je m’autorise toujours de bonnes sessions.
SATC / Quelle est ta journée type à Tahiti ?
BT/ Tout dépend si je pars shooter à la nuit pour profiter de la lumière du lever du soleil.
La plus part du temps la lumière de fin de journée est la meilleure sur la cote ouest de Tahiti.
Mais les conditions de surf sont souvent optimum le matin. Le lumière est superbe et l’océan encore très calme. Généralement, on shoote du surf entre 6h et 11h puis on y retourne de 15 a 18h.
S’il n’y a pas de conditions particulières,  le matin, c’est : emails et travail sur ordi  ! Sélection, tri et retouche photo …. analyse de la météo pour les prochains jours ou prochains semaines : voila le programme et je me débrouille toujours pour profiter d’une petite session de shoot le soir à la belle lumière.

Covered

 
SATC / Quels sont tes projets à venir ?
BT/ Il y a plusieurs choses que j’aimerais réaliser.
Le première et la plus importante serait de publier un livre sur mon travail et sur mes photos de mer.
C est un rêve d’enfant. Je suis en contact avec quelques maisons d éditions en France, on verra ce que l’avenir nous réserve.
SATC / Quel conseil nous donnerais-tu pour faire une belle photo ? Selon toi, quels sont les ingrédients d’une photo réussie ?
BT / Observer la lumière dans un premier temps. Tout dépend ce que l’on doit shooter évidemment et souvent on est obligé de faire avec ce que l’on a.
Mais si on choisit de réaliser des images pour soi avec un but plus artistique et moins documentaire, je dirais que l’élément le plus important est la lumière.
Il faut observer la lumière et essayer de la faire ressortir. Ensuite vient le cadrage et les réglages.
SATC/ Quel matériel photo conseillerais-tu à quelqu’un qui débute ? et qui anime un blog (au hasard) 😉
BT/ Tout dépend du budget et des exigences évidemment, et surtout de ses connaissances en photo.
Un bon appareil photo voire un appareil professionnel c’est bien, mais si on sait pas s’en servir on ne fera pas de meilleures photos parce qu’il a plus de pixels.
Aujourd’hui, on peut faire des images exceptionnelles avec un iPhone et bon nombre de photographes professionnels vous le prouveront.
De nos jours, tous les appareils numériques sont de bonnes qualité.
L’intérêt d’acheter un meilleur appareil est si vous avez prévu de tirer vos travaux en grand ou que vos clients vous le demandent.
Sinon ce n’est pas parce que l’appareil est plus cher pour que vous ferez de bonnes photos. Mais parce que vous savez vous en servir.
Donc par exemple pour un blog je pense qu’avec un iPhone, on peut déjà faire beaucoup de chose top ! Surtout avec tous les accessoires qui existent comme des objectif qu’on peut rajouter devant, des caissons étanches ….
Le dernier iPhone shoote des images en RAW et permet des retouches assez poussées, c est plutôt bluffant !
Et vous l’aurez toujours dans votre poche, ce qui est un atout considérable.
Croyez moi : se trimballer des Kg et des Kg de maths n’est pas un avantage !
Merci pour ton temps et tes conseils Ben !
A très vite sur les plages de Tahiti !

Ben Thouard

Ben a été invité à Whistler en Colombie-Britannique (Canada) pour participer au prestigieux « Olympus Pro Photographer Showdown » lors du « World Ski and Snow Festival ».
Il était parmi cinq photographes du monde entier et de différents sports, et il a gagné le « People’s Choice Award ». Bravo Ben ! Regardez son slide show !

Et retrouvez l’ensemble de son travail sur son site et ses réseaux sociaux :

Code Red

Blue Room

Emerged from the dark

Rainbow

 

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1 Comment

  1. Coucous reportage avec Ben Thouard en ce moment sur la 2. J’ai relu ton interview avec plaisir ! A relayer aux followers! Stp

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