Kosta Kulundzic, artiste français d’origine serbe, expatrié à Hawaï,  représente tout à fait l’homme du monde. Après avoir longtemps peint des scènes de guerre, Kosta aborde aujourd’hui un art coloré, gai et humain. Un changement de vie à 40 ans l’aura embarqué sur l’archipel qu’il ne quittera plus . Rencontre avec un artiste inspiré et inspirant.

Qui es-tu ?

Je suis un peintre, simplement un peintre. Plus un peintre qu’un artiste. C’est l’idée de la tradition et d’un bagage technique que tu balades avec toi. Tu ne peux pas tricher il faut avoir un certain savoir faire dans les mains. Disons que je suis un peintre figuratif qui fait de la peinture à l’huile. Je viens des beaux arts et j’enseigne.
J’ai un certain savoir faire, que je partage.

J’enseigne à UH Université Hawaï, UH Manoa et aussi à l’université Tokaï, groupe universitaire japonais ici. Et j’enseigne aussi au Musée d’art contemporain d’Honolulu.

Tu viens d’où ?

Paris ! Je suis un « Enfant de Batignolles ».  D’origine de Serbie, j’ai vécu à Paris. Je suis parti en 2016 aux USA à 40 ans.

Tu y faisais quoi ?

Je travaillais déjà la bas. J’avais une carrière de peintre, j’ai exposé, entre autres, au musée des arts et métiers. Je développais une carrière fournie, j’avais environ 100 expos dans le monde.

Pourquoi Hawaï ?

J’ai déménagé car ma femme est hawaiienne . Je l’ai connue en Europe. En arrivant ici, je pensais que ma vie d’artiste allait s’arrêter et … vendre des glace (rires).

Le surf n’était pas une passion non plus à l’époque.
Après 3, 4 mois ici, tout s’est mis en place, naturellement, par magie. J’insiste « par magie » , car tout s’est enclenché. Il m’est arrivé un truc incroyable.
Peut-être que c’est les USA. Ici, quand tu as un talent visible, très vite, ils regardent comment tu peux produire de l’argent. Donc, tu as toujours des propositions qui tombent.

Comment ça a décollé pour toi ici, en tant qu’artiste ?

Trump a mis en place le Travel ban, il a vraiment fermé les Etats-Unis pour la Syrie, le Yemen… Certains Etats ont fait un procès pour empêcher ça. L’Etat d’Hawaï a également initié le procès de Travel ban contre Trump, et il n’y avait aucun dessinateur disponible pour le procès.

J’ai reçu une proposition de la TV et de l’Université pour suivre le procès en dessin pour environ 200 dollars  pour une chaine.

Puis la CNN, Fox news…étaient également intéressées. L’état d’Hawaï gagne, et là je négocie pour un dessin que j’avais passé.  J’ai vendu 50 fois le dessin, disons le, le plus mauvais dessin de ma vie et il est devenu viral.

Des plans comme ça j’en ai eu plein. Je pense que c’est ça aussi, l’Amérique. Quand il s’agit de boulot, ils sont quand même impressionnants.

A quoi ressemble ta vie ici, à Hawaï ?

C’est une autre vie. J’ai commencé à peindre beaucoup beaucoup, à créer.

C’est cool. J’ai réussi un truc à Hawaï que je n’aurai pas réussi à Paris. Ici, à Hawaï il n’y a pas d’agressivité. Je trouvais ça louche au début , je pensais qu’ils allaient de me demander de l’argent. Les hawaiiens sont sympas tout le temps, ils veulent t’aider. Aux USA,   ils nous aiment bien, nous les français. Nous sommes garants du bon goût. Pour moi, artiste, qui ai fait les beaux arts, c’est un plus. En France, quand tu es artiste tu es un peu dévalorisé. Ici, mon 1er atelier était à côté d’un magasin de poulet grillé & tatoo. Tous les jours, le propriétaire me proposait un plan bidon mais il pensait que je pouvais l’emmener autre part. C’est une mentalité d’entrepreneur ici. C’est une autre mentalité.

J’ai été engagé pour enseigner au musée d’ Honolulu en quelques minutes. J’exposais un grand dessin au musée. musée . J’étais au  vernissage et une fille vient me voir et me dit qu’elle a entendu que j’allais d’enseigner à l’université.
Un type qui n’était pas dans la conversation dit «  ah bin ? tu enseignes ? Tu veux enseigner ici aussi ? Au musée ?» Passe demain et en 15 min je signais mon contrat.

Une énergie de nulle part est arrivée et depuis, je travaille tout le temps.
Le fait d’aller aux Etats- Unis m’a finalement servi car ici, les français sont adorés. Tous mes clients de France se sont multipliés. Mon statut a changé, je suis le mec qui est allé conquérir l’Amérique.

J’ai aussi fait des choses gratuites, je fais des tableaux pour poster et pour vendre en France. Mes expos aux US ont beaucoup d’impact en France.

 Et pourquoi as-tu démarré avec des peintures de guerre ?

En Serbie, on a morflé. Toute une partie de ma famille a été dans le feu . Même ceux à Belgrade. A part mes parents, toute ma famille y était. On a pris ça en pleine tête. Mon père était aussi prof aux beaux arts, les étudiants serbes venaient à Paris étudier pour ne pas être enrôlés en Serbie, et mon père les aidait.

J’ai travaillé la dessus pendant 4 ans, c’était « ma religion »,  mes travaux sur la guerre. Que des scènes de guerre…

J’ai bouclé la boucle avec une expo à Sarajevo. Pour parler de la guerre avec une exposition « Est-ce que c’était bien nous ? ».  Je suis un enfant de la Yougoslavie plus que la Serbie. C’était comme si le diable était passé par la…puis était parti en Irak… Il a fait 300 000 morts et s’est barré.

Comment on passe de la guerre au surf ?

On démarre par l’humour. Mon arrivée à Hawaï et la maturité qui va avec. Pendant des années tu fais de la peinture.
En France tu dois justifier ce que tu fais avec du patos, tu dois être profond. Lourd , dark… Ici c’est léger, mais il ne faut pas tomber malade. Ici, c’était un territoire à conquérir.  Je ne voulais pas saouler les gens ici avec mes problèmes. Je n’avais pas plus à me justifier.

J’ai peint des gens ici, si beaux. Les lieux sont beaux et les gens sont beaux … J’ai passé mon temps à prendre des photos. Je me suis vraiment fait attrapé par la couleur et la beauté .Je suis alors rentré dans des couleurs très fluos comme à Hawaï. Quelque part, il y a ce lien entre une nature luxuriante et une beauté des Hommes incroyables.

La beauté féminine s’épanouit dans la nature et la spiritualité. Ces filles dans l’eau… irradient. Ce sont des nymphes !

Je ne voulais plus être l’artiste parisien qui partage la même idée de merde « qu’on va tous crever ». Je suis le musicien du titanique et je le revendique

Peux-tu nous donner quelques spots de surf ici ?

L’hiver c’est le north shore. Tu peux aussi surfer cool au north shore, à Puhana point par exemple. Il y a plein d’endroits où tu peux surfer pour tous niveaux. Chuns, quand tu es plus en confiance. Mais il faut être solide, il y a du monde… Et les classiques Sunset, Rocky point…Gaz Chamber

Et quelques restaus… ?

Haleiwa Joe  : restau chic et une institution ici, tu y manges bien. Haleiwa, c’est la ville mythique du north shore.

Et un vrai plan de surfer : le burger place BREAKERS, sorte de bar dinner avec de la bonne musique tous les samedis. Tous les champions sont ici pendant les compets.

De fin novembre jusqu’à fin janvier le north shore s’excite. Pendant la compétition Triple crown => les 3 compet

La compet à ne pas rater c’est Eddie Akau, qui marche seulement quand y a la houle. La dernière était en 2016, c’était dingo. Les vagues étaient énormes ! Chaque année on se demande si « Eddie would go ? »

Quelques spots à Waikiki ?

China walls du côté d’Honolulu. Une sorte de gros rocher. Super spot. L’été c’est Waikiki l’hiver ça devient plat. Diamond Head aussi

 As-tu adopté un Mode de vie surf ?

Oui, je suis devenu plus proche des surfeurs, même physiquement. J’ai embrassé le mode de vie de Hawaï c’est certain. Ici au north shore, on connaît les surfeurs pros, on discute avec eux on surf avec eux. C’est pas inaccessible et pas du tout tendu. Il est rare d’avoir un problème ici.

Il y a de plus en plus de monde sur les vagues, mais ici tu ne vas pas où il y a les pros car tu joues ta vie.

Pipeline tu n’y vas pas, par exemple ! Je n’irai jamais là-bas je pense.

        

A suivre de près, sur son Instagram

You may also like

Leave a reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

More in TALKS